• Résultat du concours sur l'Espoir#2

    Le second résultat est un texte d'inspiration nordique venant d'Angelscythe

     

    Bonne lecture !

    Polaris

     

     

                Un garçon était assis au pied d’un imposant trône doré, entre deux gigantesques loups qui étaient presqu’aussi grands que lui bien qu’ils étaient allongés. Il décortiquait de la viande, des poissons, des fruits et légumes tirés à un immense panier installé sur ses cuisses et les donnait à ces deux mastodontes. Enfin… lorsqu’ils ne se servaient pas eux-mêmes dans la banne ou qu’ils ne lui volaient pas des mains, manquant à chaque fois de lui dévorer des doigts au passage.

    - Thierry !

                L’adolescent leva ses yeux noirs vers une porte démesurée dont l’encadrement était uniquement constitué de hautes lances. Un homme bourru et massif, ne lui demeurant qu’un œil, s’avança vers lui le corps respirant tant la noblesse que le respect et la force.

                Le garçon se serait volontiers levé pour s’incliner face à cet individu si l’un des loups n’avait pas plongé sa gueule blanche dans le cabas de paille pour se rassasier. L’autre, noir, grogna et tenta de le pousser pour obtenir sa part aussi.

    - Que puis-je pour vous, Dieu des Dieux ? interrogea-t-il.

    - Hlín requiert tes services. Va de ce pas la rejoindre pour qu’elle te fasse part de ses demandes.

    - Bien.

                Il repoussa doucement une gueule mais ce n’est que le sifflement de l’homme qui obligea les mastodontes à se coucher. Le dénommé Thierry se redressa alors, posa son panier sur un guéridon d’or prévu à cet effet, se courba profondément devant le borgne et partit en courant, sa longue écharpe blanche flottant derrière lui.

                Le regard du colosse resta dans son dos un instant.

                Mais déjà le garçon disparaissait, bifurquant de couloir en couloir. Il ne faisait que s’arrêter de temps en temps pour s’incliner devant quelques personnes qui l’ignoraient pourtant. Mais il savait qu’il ne pouvait s’y soustraire et ne voyait même pas cela comme de l’ingratitude… Comment aurait-il pu ?

                Il traversa plusieurs galeries avant d’arriver à une pièce où se tenait une femme, retranscrivant des informations sur parchemin. Elle aurait pu sculpter le grès ou le bois mais ça lui prendrait tellement de temps…

    - Dame Hlín…

                Elle leva les yeux pour voir Thierry, incliné.

    - Te voilà enfin… J’ai besoin que tu descendes sur Midgard. J’ai une mission très importante pour toi… Va me retrouver l’espoir et ramène-le ici.

    - Excusez-moi, Dame Hlín… Est-ce possible ?

    - À toi de me le dire.

                Elle leva le visage de son travail et posa sur lui un regard doux mais sévère.

    - Pourquoi penses-tu que c’est impossible ?

    - J’ai toujours pensé qu’elle était et… c’était tout…

                Il écarquilla les yeux, se rendant compte de la façon dont il lui répondait, et baissa la tête en se mordant la lèvre inférieure. Comme il se penchait, il entendit un gloussement cristallin. Un bruissement lui apprit que la lourde robe de la femme avait remué, qu’elle se levait. La Dame s’avança vers lui.

    - Prends le Bifrost, trouve l’espoir par ici ou par là et ramène-le moi si tu en as l’audace.

    - Avez-vous un temps qui m’est imparti ?

    - Non. S’il te faut une journée pour le trouver, prends une journée. S’il te faut un an, dix ans, un siècle…

                Thierry opina en signe de compréhension.

                Il se courba au plus bas, se redressa et repartit alors.

                Comme il se dirigeait vers l’extérieur du Walhalla, il fit une halte par la salle du Trône et s’arrêta devant Odin installé dans son siège.

    - Dame Hlín…

    - Je sais, répondit-il. Parcours Midgard et les autres Mondes s’il le faut. Reviens de temps en temps pour nourrir les loups ou pour aider ici. Tu trouveras bien du temps.

                Thierry opina. À choisir entre servir Odin ainsi que Dame Hlín ou dormir, le choix était vite fait. Le sommeil était fort superflu de toute façon.

    - Va. Ne fais pas attendre Hlín.

                Le garçon s’inclina au plus bas. Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il devait faire, ni de ce qui l’attendait exactement. Par contre, il avait bien remarqué qu’on manquait de confiance en lui… Ils semblaient tous deux penser qu’il aurait besoin de siècle, de millénaires…

                Ils n’avaient pas tort…

                Il se permit un rapide mouvement de main vers les loups avant de partir en courant. Il sauta par-dessus l’empilement de victuailles qui siégeait dans l’entrée et s’obligea à garder espoir en lançant un coup d’œil vers le palais, à l’extérieur du Walhalla, qui se tenait fièrement sur le sommet d’une montagne où étaient taillés des escaliers abrupts et raides.

                Il avait déjà dû grimper là au-dessus mais avait toujours eu la même sensation…

     

                Les côtes douloureuses, les poumons en feu, la tête qui tournait, Thierry continuait d’avancer vers Heimdall. Son cœur battait si fort. Il avait l’impression qu’il allait vomir. Mais il ne se plaindrait pas. Il n’avait pas le temps pour ça… On attendait de lui qu’il descende sur la Terre qu’il avait jadis parcourue. Rien ne l’empêchait de s’accorder quelques instants lorsqu’il y arriverait.

    - Dieu Heimdall…

    - Je sais, répondit-il. Tu vas prendre la route pour retrouver l’espoir.

                L’homme étendit la main vers l’Arc-en-ciel qui brûlait sans cesse.

    - Voici ton moyen de transport. Il est prêt.

    - Pouvez-vous m’aider ? souffla Thierry en s’avançant.

                D’instinct, il enroula son écharpe blanche autour de lui jusqu’à ce qu’elle cesse de flotter gaiement. Il préférait éviter qu’elle prenne feu, que lui-même disparaisse en cendre.

    - Certains voient les étoiles comme l’espoir.

    - Les étoiles ? Comment voulez-vous que je ramène une étoile ?

    - Ne pars pas avec si peu d’espoir, Thierry Evrard, ricana Heimdall.

                Il le poussa vers la plateforme colorée semblant faite de vapeur, si fragile… Et pourtant, il savait qu’il ne risquait rien. Alors il avança sur ce chemin solide.

    - Merci ! lança-t-il tout de même alors qu’il partait vers son Monde oublié depuis…

                Depuis quand ?

     

     

    Bien du temps plus tard

     

                Marchant dans un parc, Thierry tendit la main. Les éclats crépusculaires donnaient aux herbes des ombres rouges et oranges et quelquefois plus mauves. Mais malgré la perception biaisée de la nuit tombante, il voyait parfaitement un gigantesque corbeau se diriger vers lui. Écartant son plumage telle une ombre vengeresse, il se posa sur le poignet du garçon qui fléchit sous le poids.

    - Munin !

                L’animal se frotta contre sa joue et poussa un long croassement, les plumes s’ébouriffant jovialement. Il le caressa en souriant.

    - Tu as encore beaucoup de travail ?

                L’oiseau opina lentement.

    - Tu passeras mon bonjour à Hugin, Freki et Geri ?

                Le volatile acquiesça à nouveau. Il étendit ses ailes pour décoller mais se figea d’un seul coup. Il sauta sur le sol qui s’humidifiait avec la condensation nocturne et courut. Cette attitude toute singulière désarçonna Thierry qui suivit le corbeau du regard, la bouche entrouverte.

                Il vit disparaître la créature dans des buissons et, retrouvant ses esprits, se précipita à sa suite. Il ne prit même pas la peine de les contourner. Munin lui jeta un coup d’œil, décolla et plana jusqu’à un arbre où le garçon se hâta de le rejoindre.

    - Que se passe-t-il ?

                L’oiseau s’envola jusqu’à une autre branche. Thierry pinça les lèvres. Devait-il porter du crédit aux actions de Munin ? Était-ce un test d’Odin pour s’assurer qu’il ne se détournerait pas de la tâche de Hlín bien qu’il ait déjà prouvé que cette mission complètement absurde occupait toutes ses pensées ?!

    - Munin !

                Lorsqu’il arriva aux racines d’un chêne, la créature étendit sa livrée et une bouffée de plume et de fumée grise l’entoura. Il ne faisait plus que la taille d’un gros corbeau et décolla à nouveau. Thierry courut derrière lui, d’arbre en arbre, traversant des fourrées et essayant de se dépêtrer des ronces qui s’accrochaient à son écharpe ou ses vêtements.

                Jamais parcourir un parc ne lui avait paru aussi long ! Munin avait-il seulement besoin d’une occupation ?

    - Qu’est-ce qu’il y a ? exigea-t-il une nouvelle fois en se faufilant avec peine dans un roncier.

                Il tira sur son écharpe et manqua de tomber. Un chat feula vers lui et fila se cacher derrière une jeune fille qui brandit vers lui une paire de ciseaux. Thierry détourna immédiatement le regard et leva les mains.

    - Je n’ai rien vu, bafouilla-t-il.

                Il sentit une tension sur son cou et fut forcé de tourner la tête. Il vit alors que la main, ornée de faux ongles roses, était serrée sur son écharpe. Ce pour quoi il continuait d’avoir des douleurs dans la nuque.

    - Idiot ! répliqua-t-elle en danois. Je pissais pas !

                Thierry haussa un sourcil.

                Elle avait compris ce qu’il avait dit ?

                Il regarda vers Munin qui faisait sa toilette. Bien, au moins, il n’était pas tracassé par le chat. Tant mieux.

                D’un autre côté… Sous sa taille normale, il était tellement grand qu’il ne ferait qu’une bouchée de cette bête à poil.

    - Tu comprends le vieux Norois ? demanda Thierry, toujours dans cette même langue.

                N’était-ce pas un test ? Ne se sentait-il pas pathétique ?

    - Oui… Malheureusement, dit-elle en danois.

                Elle le relâcha brusquement et il tomba. Il serra les dents lorsque la douleur remonta de son postérieur à sa colonne vertébrale. Décidément ! Est-ce que Midgard ne devait qu’être synonyme de souffrance ?! Il ajusta ses mitaines et se redressa.

    - Comment est-ce possible ?

    - Pour les mêmes raisons que toi, je suppose, marmonna-t-elle.

    - J’en doute, dit-il.

    - N’essaie pas de me duper ! Je sais que tu es comme les autres ! Je sais qu’il n’en reste plus beaucoup et tu ne m’auras pas comme ça ! Je ne te fais pas confiance !

                Thierry ouvrit la bouche pour la calmer mais Munin poussa un cri. Comme il levait le regard vers son ami, soucieux, la jeune fille s’esclaffa.

    - Un corbeau comme familier ? Ben dis donc, ils font pas les choses à moitié par chez toi ! Avec la tenue et tout… Mon Dieu ! … Enfin « par Odin », railla-t-elle.

                Elle s’enfuit les mains dans le visage et marmonna. Thierry jura avoir entendu « mais qu’est-ce que je vais faire » à plusieurs reprises.

                Tout à coup, elle se tourna vers lui et lui mit sa paire de ciseaux sous la gorge. Le garçon se retrouva à nouveau les mains en l’air, les yeux écarquillés d’effrois. Munin poussa un cri et se jeta sur la jeune fille, griffant son visage rose. Elle mit ses bras en protection, empêtrant l’arme dans l’écharpe blanche, et se recula vivement. Elle trébucha sur un rocher et tomba de tout son long.

                Tremblante, elle suivit du regard l’oiseau qui tournait autour de sa tête, menaçant.

                Thierry dépêtra les ciseaux et les glissa à sa ceinture.

    - Je peux savoir ce qu’il se passe ?

    - Tu dois savoir aussi… Ils n’ont pas pu te lâcher comme ça sans le dire !

                Le garçon s’éloigna d’elle de quelques pas et siffla lentement. Un sifflement singulier qui poussa le corbeau à s’installer sur son épaule.

    - On ne m’a rien dit.

    - Les Dieux n’ont pas besoin d’un millier de voyants… un seul est bien suffisant. Ils disent que c’est une mise à mort. Tu sais comme dans Highlanders… Il ne peut en rester qu’un.

    - Ils étaient écossais… Ce n’est pas ironique ?

                La jeune fille haussa les épaules, le regard acide.

    - Bon, bon… sourit-il. Et alors… Tu as fui ?

                Elle opina vivement et tendit la main.

    - Rends-moi mes ciseaux, j’en ai besoin. Ou tu comptes me tuer pour maximiser tes chances ?

    - Je ne fais pas partie de tout ça, trancha l’adolescent.

                Elle soupira et insista de son regard bleu qui paraissait crier « mes ciseaux ». Le garçon tourna légèrement les yeux vers Munin et lui fit un mouvement de tête. Le corbeau poussa un long croassement puis étendit ses ailes et décolla. En quelques secondes seulement, il eut disparu dans la noirceur maintenant uniquement percée par les lampadaires trop puissants.

                Ceux qui menaçaient à tout instant de les aveugler. Aussi, ils se promettaient une aide ou un ennemi, l’adolescent redoutait l’instant où ils se décideraient.

                Il sortit les ciseaux de sa ceinture, les tourna et saisit la lame dans sa main, évitant une blessure grâce aux mitaines noires qui couvraient sa peau. Il tendit alors le manche vers la demoiselle.

    - Je m’appelle Thierry.

    - Ah… Polly… dit-elle en reprenant son arme. Et voici Kitty, ajouta-t-elle en désignant le chat blanc à la figure, aux pattes et la queue brune. Par contre, ton corbeau a fui.

                Le garçon acquiesça lentement.

    - Au revoir.

                Polly attrapa son chat, remonta le sac orange sur son épaule et s’enfonça dans le parc.

    - Attention, par là il y a des…

    - Je sais ! cria-t-elle lorsqu’elle franchit un buisson dont les épines s’accrochèrent à sa tenue.

                Thierry retint un soupir et la suivit du regard jusqu’à ce que ses vêtements noirs se perdent dans la nuit, jusqu’à ce que sa chevelure auburn s’efface sous le feuillage des arbres.

                Il leva les yeux pour observer les étoiles à travers les trouées dans les branches, dans les feuilles bien vertes. C’était bien l’une d’elles qu’il devait ramener mais il n’avait toujours aucune idée de comment s’y prendre… Attendre qu’une comète s’écrase ? Oui… Il avait plusieurs fois pensé à cette optique mais il la savait bien vaine… Non seulement parce que, déjà, l’occasion s’était présentée sans que les autorités ne lui permettent de s’approcher et puis qu’il ne comprenait pas en quoi un bout de roche serait utile. Ce n’était pas l’objet qui comptait mais le symbole, non ?

                Il ferma un œil lorsque l’éclat de l’étoile du Nord l’aveugla. Un instant très court mais qui lui fallut de voir un arc-en-ciel enflammé lorsqu’il les rouvrit.

                Il s’avança vers cette passerelle mais stoppa son geste, regardant en direction de Polly.

                Un symbole ?

                Le symbole d’oublier des traditions et de vouloir survivre plus que tout. N’était-ce pas suffisant ? N’était-ce pas plutôt ça que Hlín attendait de lui ? Il ne comptait pas rester stupide pendant des décennies entières !

    - Je crois que j’ai trouvé où était ma mission. Est-ce qu’Odin attends de moi des services ? Puis-je rester ici ?

                Le pont Arc-en-ciel s’évapora. Thierry sourit et s’inclina profondément.

    - Merci beaucoup, Dieu Heimdall.

                Il se détourna et courut, revenant sur ses pas. Dans la pénombre, il traversa des rosiers, des buissons, repoussa des branches, s’arrêta une fois pour libérer son écharpe de ces mains végétales et trébucha sur des pierres. Il scrutait les ténèbres.

                Elle ne pouvait pas être bien loin !

                L’éclat de la lune le guida à travers les faîtages.

                Il franchit une longue bande correctement tondue et bondit au-dessus d’un assortiment de fleurs parfaitement soigné.

    - Polly !

                Il vit une silhouette s’immobiliser et crut percevoir un mouvement en sa direction. Thierry accéléra le pas pour se pencher près d’elle, soufflant pour reprendre son air. Il avait déjà fait pire, mais il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait vraiment dormi…

    - Qu’est-ce qu’il y a, Thierry ? demanda-t-elle en croissant les bras.

    - Je tenais à t’aider.

    - Je regarde beaucoup de films, tu sais ? J’étais prête à me dire que tu ne me suivrais pas pour me tuer, maintenant…

    - Quel âge as-tu ? interrompit-il.

    - J’ai quinze ans, répondit-elle.

                À la surprise de la jeune fille, les lèvres de Thierry s’étirèrent.

    - Ce n’est pas un âge pour avoir constamment peur d’autrui, d’avoir peur d’être tué par la main d’un autre.

    - Je n’ai pas le choix.

    - Tu n’as pas pensé au fait que ça ne pouvait être qu’un test ?

    - Et je devrais être contente le jour où je finirais avec une lame dans la gorge et que ça voudra dire qu’un autre ne deviendra ni Völva, ni Volvo ? Quelle joie ! cracha-t-elle.

    - Je ne te dis pas de ne pas te défendre pour autant. Mais peut-être que tourner le dos à ta famille n’est pas la bonne option.

                Polly éclata d’un rire glacé.

    - Mais tu es tombé sur la mauvaise fille ! Mes parents m’ont mise à la rue pour que je « coupe les ponts » !

                Elle tendit la main et la referma sur l’écharpe de Thierry pour le rapprocher d’elle. Ses yeux se braquèrent dans les siens comme si elle tentait de le noyer sous ses reproches, sa tristesse et son désespoir.

    - Et toi ? Pourquoi tu gambades dans les rues comme ça ? Pourquoi tu me fais des leçons alors que tu n’es pas mieux ! Tu veux jouer le martyr et sautiller devant tous les autres en promettant joie et amour ? Tu crois que ça fonctionne comme ça, Bisounours ? Nous devons faire comme les Vikings des temps anciens !

                Le regard de Thierry se durcit soudainement.

    - Ne dit pas ça ! Tu ne les connais pas ! Ne crois pas ce que disent les racontars, ce ne sont pas des bêtes sanguinaires assoiffées de sang !

    - Ce n’est pas parce que tu t’habilles comme eux que tu les connais !

    - Ce n’est pas non plus parce que tu les méprises que tu sais tout d’eux !

                Polly serra les dents.

    - C’est quoi ce mordant d’un seul coup ?

    - Un regain. Tu peux me lâcher ?

                La jeune fille soupira et délia les doigts. Elle resserra son chat contre elle qui ronronna doucement tandis qu’elle le caressait.

                Thierry ajusta son écharpe et la fit repasser autour de son cou pour éviter qu’elle ne s’accroche ci et là. Il effleura un trou qu’il devrait sans doute rafistoler et tira sur ses mitaines sans un mot.

    - Viens.

                Il se détourna et partit. Polly arqua un sourcil, remit ses ciseaux dans leur fourreau suspendu à sa ceinture et enfouit ses doigts dans la poche de son pantalon noir et blanc. Ils se refermèrent sur un objet rond. Elle le comprima dans sa paume et trottina à la suite de Thierry.

     

     

                Thierry poussa une porte qui grinça, jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur puis fit signe à Polly de le suivre. La jeune fille resserra Kitty contre elle et osa se glisser dans un parking éclairé par une lumière puissante. Elle eut un sursaut en découvrant les vrais traits de Thierry, ses yeux noirs mais doux, son visage clair constellé de tache de rousseur et surtout sa chevelure châtain qui virait vers un vert particulièrement flashant. Il détonnait dans cette tenue venue d’un autre âge. Tant par sa matière que la façon de la créer. Ça se voyait que ce n’était pas une machine à coudre qui avait fait cette chemise, ni ce pantalon collant. Et qui portait encore des chaussures aussi rustiques ou des bandes molletières ?!

    - Tu as vraiment décidé de donner ta vie au culte d’Odin, toi.

    - En quelque sorte, rit nerveusement Thierry. Je dors ici depuis quelque temps… Viens, tu peux rester ici autant que tu veux.

                Polly arqua un sourcil et lui emboîta le pas comme il l’emmenait vers des toilettes.

    - Tu peux te laver ici, il y a tout ce qu’il faut. Le personnel d’entretien ne passe plus après vingt heures mais inutile de tout laisser en pagaille.

    - Et où tu dors ?

    - Sur le sol… Au moins il fait moins froid que dehors, répondit Thierry avec sérieux.

    - Mais… c’est dur.

    - Pas plus dur que du bois.

                Le garçon eut un second rire nerveux. Quel idiot… Il s’était tellement habitué à perdre son confort d’antan… Bien sûr que le sol était trop dur. Bien sûr qu’on s’y accoutumait mais ça ne voulait pas dire qu’on avait envie de le faire.

    - J’ai quelques couvertures que j’ai cachées. Je vais te les donner. Mets-les comme tu préfères. Je reviens…

                Polly opina, resserrant ses doigts sur le creux de sa paume.

                Thierry s’éloigna rapidement, trottinant pour quitter cet étage et descendre à l’inférieur où il y avait un vieux débarras abandonné car la porte était bloquée. Ce n’était pas comme s’il n’y en avait pas d’autres. Pour lui, c’était la cachette parfaite dès qu’il était dans les environs. Une cachette d’écureuil parmi tant d’autres.

                Il bloqua sa respiration et, de profil, se faufila dans la petite pièce. Jamais il n’avait été aussi heureux d’être un vulgaire freluquet. Ce n’était pas son ami Einheri qui pourrait faire ce tour de fureteur. Il attrapa toutes les couvertures, récupéra un sachet de vivres et les passa de l’autre côté avant de faire de même. Ramassant tout son paquetage, il retourna à l’étage pour rejoindre Polly. Puisqu’il ignorait si la jeune fille se changeait ou pas, il décida de l’attendre devant la porte.

     

                Polly ressortit et ne put cacher son soulagement en voyant trois duvets qui paraissaient aussi chauds que moelleux. Elle les happa et se terra à nouveau dans la pièce. Jetant les fourrures au sol, elle entreprit de se faire un petit nid douillet où Kitty s’empressa de venir s’installer avant même qu’elle n’ait fini son œuvre.

    - J’ai aussi à manger.

                La porte se rouvrit et la main aux ongles roses émergea. Thierry lui donna le sac sans rechigner et eut un sourire amusé en entendant le battant cogner contre l’encadrement. Il s’assit contre le mur et se recroquevilla, posant son menton sur ses genoux.

    - Tu parles français ?

                Thierry fut frappé par cette question. Comment ? Elle ne faisait que lui parler en danois, glissant l’un ou l’autre mot en vieux norrois ou anglais de temps à autre et lui ne répondait qu’en vieux norrois. Il comprenait le danois mais le parlait très mal…

                Mais la porte s’ouvrit et il vit passer le tome de Tokyo Ghoul.

    - … J’ai fait un petit travail il y a quelques jours pour de l’argent et comme j’avais de l’argent…

    - Tu étais en France ?

    - Oui…

    - Alors tu l’as pris en français, comme ça ?

    - Je suis Français… Ou j’étais Français, je ne sais plus trop…

                Polly sortit la tête.

    - Dis un truc en français ! sourit-elle.

    - Bonjour, lâcha-t-il, pris de court.

                Elle éclata de rire et poussa un peu plus la porte.

    - Alors… Que fais un Français au Danemark ?

                Thierry eut bien envie de lui lancer un « On dirait que je te cherchais pour te tuer » mais se l’interdit. Elle risquait de prendre la mouche et il se voyait mal finir avec une lame dans la gorge.

    - J’ai quelque chose à faire… Et pour l’accomplir, aucune frontière ne doit m’arrêter.

    - Ok, Bisounours…

    - Tu es toujours là-dessus, soupira Thierry.

                La jeune fille s’adossa à la porte.

    - Un petit quelque chose me dérange… Comment un Bisounours fini avec des bras dans cet état ?

    - Au hasard… En ne se défendant pas, sourit-il.

                Polly fut frappée par cette façon de le dire.

                Elle avait déjà subi des brimades, elle se souvenait de Monika qui l’ennuyait et lui tirait les cheveux, de son grand-frère qui lui faisait des blessures indiennes et elle se voyait toujours pleurer en le racontant. Même lorsque son amie lui avait pris son petit ami… En même temps, sa famille avait été incroyablement soulagée qu’elle n’ait plus personne pour la détourner du droit chemin…

    - Tu es stupide. Soupira-t-elle.

                Thierry opina.

                Il n’en avait jamais douté…

    - Toi aussi tu as quitté ta famille alors. Tu en avais envie ?

    - Non… Ma mère était sévère et froide, mon père était benêt et ne me parlait presque jamais mais je les aimais… Je les aime.

    - Tu devrais y retourner et faire comme si tu n’avais jamais été promis à être Volvo… Peut-être que si tu leur dis que tu as échoué…

    - Voyons… Ils s’attendent à trouver une dépouille !

                Les mots cognèrent rudement Thierry.

                Il leva les yeux, cherchant quelle voix avait pu lâcher une réalité aussi odieuse ! Des accents graves et veloutés mais du danois parfaitement prononcé…

                Il sentit une main sur son poignet et fut brusquement tracté en arrière. Il se fracassa presque la tête sur le sol alors que son dos frottait rudement contre le carrelage froid. Avant qu’il n’ait compris quoi que ce soit, il entendait la porte claquer et Kitty feuler. Il se pencha en avant, réalisant qu’on tirait sur son cou. Son écharpe s’était prise dans l’interstice et il ne manquait pas de sentir qu’on l’avait saisie, qu’on faisait pression.

                Ses joues chauffaient déjà alors que l’air sortait de ses lèvres. Il serra les dents une seconde. L’instinct de survie était plus fort que tout : il délia son écharpa et s’éloigna de l’entrée en soufflant. Polly écarquilla les yeux. Non pas en voyant le collier en cuir tressé et orné d’un rubis qu’il portait au cou mais à cause des ecchymoses qui couvrait sa gorge, des blessures, des entailles.

    - Thierry…

    - Si c’était tout… chuchota-t-il. Qui est-ce ?

                Il désigna la porte.

    - Il s’appelle Otte… On a appris ensemble…

    - Feu… lança la voix d’Otte.

                Une odeur de bois brûlé vogua rapidement à leurs narines tandis qu’un crépitement léger commençait à leur parvenir.

    - Je ne sais pas comment il m’a…

                Elle s’éloigna d’un bond de Thierry.

    - C’est de ta faute ?!

                Il secoua la tête et se releva. Le garçon se dirigea vers la fenêtre qui donnait sur l’extérieur. Elle était haute mais tant pis ! Il se hissa sur le radiateur, remerciant ses mitaines d’être si chaudes et de le protéger du métal bouillant. Comme il se redressait, il tenta de pousser le châssis, c’était bien maigre. Il pouvait bien expédier son coude dans la vitre, il n’était plus à une blessure près, mais ça ferait du bruit.

                Polly courut vers lui.

    - Je ne te fais pas confiance, Bisounours, dit-elle en lui tendant la main.

                Thierry la saisit et essaya de la hisser. Il n’avait aucune confiance en sa force. Et il eut bien raison car Polly manqua de retomber comme il ne savait la soutenir. Elle lui asséna un regard gelé et s’accrocha à l’appui de fenêtre. Elle retint ses médisances et ouvrit légèrement la main. Elle murmura :

    - Polaris…

                Le verre vibra, le bois de la porte craqua. La vitre se fissura, des esquisses tombèrent sur le carrelage. La glace se brisa en mille morceaux, un rire mauvais leur arriva à l’oreille. La voie était libre, la porte s’effondra sur le sol.

                Polly poussa Kitty par la nouvelle brèche et grimpa tant bien que mal sur l’appui de fenêtre. Thierry jeta un œil à son écharpe puis à la main basanée qui la tenait. Il croisa un regard noisette aussi sombre qu’une nuit sans astre et remarqua des lèvres étirées avec sadisme.

    - Quelle tenue… Alors ! Toi aussi… Tu en es un ?

    - Ça ne m’intéresse pas… répondit Thierry.

    - Bisounours ! lui cria Polly.

                Le dénommé Otte étendit la main en criant un mot. Le garçon vit un cercle rouge sur la paume halée puis du feu jaillit. Polly cria à nouveau « polaris ». La pièce s’illumina de blanc et les flammes se réduisirent.

    - Ramène ton cul !

                Thierry se tourna et se hissa sur l’appui de fenêtre alors qu’une nuée de braise s’enroulait autour de sa jambe. Il franchit le verre brisé et roula sur le sol d’instinct. Les douleurs incandescentes continuaient de ronger sa peau mais il se leva malgré tout, se contentant d’épousseter son pantalon.

    - Je déteste Midgard, grogna-t-il.

                Polly écarquilla les yeux mais secoua la tête.

    - Dépêche-toi, Bisounours !

                Elle se redressa et partit en courant. Thierry la talonna, fermant sa main devant sa gorge. Le froid ambiant ne le gênait pas mais il se sentait tellement démuni.

    - Que se passe-t-il ?

    - Je te l’ai dit : il ne peut en rester qu’un ! Otte en a déjà tué d’autres ! Son âme est corrompue !

    - Vous utilisez de la magie ?

                Polly pinça les lèvres. Elle s’arrêta à une intersection et murmura le nom de son chat. La panique vrillait ses yeux alors qu’elle analysait les environs. Où avait-il bien pu fuir ? Elle serra sa main tremblante sur la pierre blanche qui y résidait.

    - Polly ?

    - Kitty ?!

                La jeune fille sursauta. Elle venait de percevoir un hurlement. Les yeux écarquillés, elle observa les alentours.

                Otte s’extirpa des toilettes et s’avança vers eux. Du feu émanait de chacun de ses pas alors que les flammes se réverbéraient dans son regard tel sa folie.

                Thierry se mit devant Polly.

    - Restez comme ça, oui… Je vous embrocherai et tout sera fini plus rapidement.

                Les lèvres du garçon s’étirèrent ce qui tira un rire glacial à Otte. Le brasier qu’il cariait s’étendit.

                Un nouveau hurlement brisa l’air, surplombant le tumulte des voitures et des cris humains.

    - Un… Une bête… gémit la fille.

    - Tout ira bien.

                Le ciel se couvrait, la lune disparaissait entraînant avec elle les étoiles.

    - Mes appels ont été entendus… chuchota Otte, extatique.

                Les éclats rouges illuminaient son visage, le rendant d’autant plus inquiétant. Il étendit la main d’où partit une langue de feu. Thierry repoussa Polly pour éviter qu’elle soit touchée alors qu’une ombre noire surgissait.

    - ENFIN ! cria le Volvo.

                Un beuglement de douleur brisa la quiétude.

                La jeune fille redresse la tête. Ce n’était pas Thierry… Il se tenait toujours debout devant elle. Mais, sous ses yeux ébahis, un corbeau lacérait le visage d’Otte, enfonçait son bec dans sa chair.

                Un deuxième volatile, immense d’un mètre trente d’envergure, apparut et s’installa sur l’épaule de Thierry. Le garçon lui posa un baiser sur le crâne juste avant qu’il ne s’envole à nouveau, se jetant à son tour sur Otte. Son bec entra dans l’orbite de l’adolescent, lui tirant une vocifération épouvantable. Polly se laissa tomber au sol, détournant le regard. Elle retint un hurlement en apercevant un loup blanc, haut comme un 4X4. Se tournant de l’autre côté, elle vit la même bête en noire. Une longue langue rose jaillit de sa gueule armée de gros brillant.

                Langue qui lécha le visage de Thierry.

    - Qu…

    - Vraiment… Quel travail !

                Le garçon se précipita vers une personne à la haute stature qui s’avançait. Il mit le genou à terre et se prosterna au plus bas.

    - Hugin, Munin !

                Les corbeaux s’envolèrent et se posèrent sur les épaules de ce géant.

    - Finissez le travail, ordonna-t-il aux canidés.

                Ceux-ci se jetèrent avec joie sur Otte. L’un d’eux arracha un bras tirant un cri funeste alors que le second attaquait les côtes.

    - Qu… répéta Polly.

                Elle leva les yeux vers l’homme. Lequel lui tendit quelque chose. Mais n’était-ce pas…

                Polly attrapa Kitty et le serra contre elle, le visage ruisselant de larmes. La pierre lui échappa et rebondit au sol. L’individu se pencha et la ramassa pour l’inspecter.

    - Polaris…

    - O… Oui ? chuchota-t-elle.

    - C’est ce qui est écrit sur cette pierre, sourit-il.

                Elle réalisa que les cris s’étaient tus. Otte devait être mort… Du moins, elle le souhaitait !

    - C’est… mon nom… osa-t-elle, les lèvres pâteuses.

    - Thierry, récupère ton écharpe ! ordonna l’homme.

    - Oui !

                Le garçon se redressa et fila vers le cadavre de l’adolescent que les molosses dévoraient au point d’en gober les os.

    - Des corbeaux, des loups… Vous lissez les runes. Vous êtes borgne… Non…

                Polly se leva péniblement et s’approcha de Thierry, l’attrapant par le bras, ses yeux écarquillés le scrutant sans ciller.

    - Qui est-il ? Ne me dis pas…

    - Si. Le Dieu des Dieux, Odin.

    - Co… Comment… Vous… Mais je pensais que nous devions nous entretuer pour vous ! s’écria Polly, le visage toujours ravagé de larmes.

    - Je n’ai jamais dit ça. C’est votre société qui l’a décidé et je suis lasse de devoir me plier à la société ! tonna le colosse.

                Elle se tourna vers lui, les yeux embués, un léger sourire étirant à peine ses lèvres.

    - Vous m’avez sauvée…

    - Toi ? Je suis venu parce que je ne tiens pas à perdre mon thrall. Je devrais m’occuper des animaux moi-même, sinon !

                Thierry sourit en enroulant son écharpe autour de son cou.

    - Qui ? murmura-t-elle. Bisounours ?

    - Tu ne m’as jamais demandé ce que j’étais. Tu as toujours été convaincu que je voulais devenir un Volvo… Mais la sorcellerie, très peu pour moi, grimaça-t-il. Je suis le serviteur d’Odin. Ça fait des siècles que je suis mort…

                Polly s’effondra, la bouche entrouverte.

    - Tu es…

    - Tu devrais retourner chez toi, lui dit Thierry, un sourire aux lèvres. Ta famille est plus importante que d’antiques traditions auxquelles tu ne crois même pas.

                Polly s’essuya les yeux.

    - Ou… Oui…

                Elle retint un cri lorsqu’un arc-en-ciel apparut juste à côté du Dieu. Il poussa un grognement approbateur.

    - Dis-moi… Peut-on garder ça ? questionna Odin.

                Il ouvrit sa main sur la pierre.

    - Si… Si vous voulez, Dieu des Dieux.

                Thierry aida Polly à se relever, continuant de lui sourire.

    - J’espère que ça ira…

    - Oui. Mais tes blessures…

    - Bah, je suis mort avec.

    - Tu es mort à cause de quoi ?

    - Parce que je ne me suis pas battu… J’ai continué de me laisser faire parce que personne ne se souciait de moi, parce que je me sentais insignifiant, parce que j’agissais au gré des envies des autres.

    - Je ne le ferai pas… dit-elle.

                Il lui sourit.

    - Quand et où es-tu mort, Bisounours ?

    - Euh… À Orange en France, le vingt-quatre décembre deux mille quinze…

    - D’accord…

    - Thierry !

    - J’arrive !

                Le garçon récupéra ses mains et courut sur l’arc-en-ciel enflammé à la suite du grand homme et des deux loups qui se léchaient les babines.

                La jeune fille écarquilla les yeux. Deux mille quinze ?! Mais c’était trois jours auparavant !! Comment pouvait-il avoir plusieurs siècles ? Elle eut un rire nerveux en enfouissant son visage dans les poils de Kitty. En même temps… Elle était Völva et elle venait de rencontrer Odin…

     

     

    - Sais-tu ce que veut dire Polaris ?

    - Euh… Non… répondit Thierry qui caressait les loups en souriant.

                Eux-mêmes lui faisaient la fête, le léchant et le chahutant. Ils ne s’étaient plus vus depuis des semaines !

    - Polaris est l’étoile du Nord.

    - Oh…

                Odin fourra la pierre dans la main de Thierry. Le garçon le remercia et se permit de l’observer. Elle avait une rune tracée dessus et quelques peintures bleues. Le ciselage était approximatif et les signes étaient presque ratés mais on voyait qu’on y avait mis son cœur.

    - C’est ce que vous m’avez envoyé chercher ? C’est pour ça que Munin m’a mené à Polly ? Elle était l’espoir que je devais trouver depuis tout ce temps ?

    - Non. Ce n’était qu’une fille qui avait besoin d’aide et ce n’est qu’une rune…

    - Mais… murmura Thierry. Je dois repartir ?

    - Eh bien… Tu n’as pas trouvé l’espoir, si ? trancha Odin.

    - C’est injuste… J’ai fait ce qui croyait être bon. Et je dois encore retourner sur Midgard ?

                Il se mordit la lèvre inférieure alors qu’il sentait ses yeux se mouiller.

    - Ça va faire cinquante ans que je cherche, que je vous ramène des choses… Je pensais que, comme cette fois, vous étiez vous-même venu…

                Ses épaules tremblèrent alors que les langues des animaux lui lavaient le visage. Il serra Freki, pressant son front dans ses poils noirs.

    - J’espérais que ce serait enfin fini, que je pourrai rester avec vous avec Freki et Geri, à aider Andhrímnir, à être utile…

    - En voilà de belles paroles.

                Le garçon tourna la tête et essuya ses yeux en regardant Hlín s’avancer.

    - Tout d’abord… Polaris, ou Polly comme elle préfère qu’on l’appelle, avait besoin d’un peu d’espoir. Comme chacune des personnes que tu as aidées au cours de ces années. Tu avais raison Thierry, l’espoir n’est pas palpable mais on oublie de le voir des fois. Des perturbations peuvent nous rappeler qu’il existe et nous le faire revoir, comme une étoile qui brille constamment mais que nous ne pouvons voir tout le temps…

    - Vous vouliez juste que je voyage partout… murmura Thierry.

    - Je souhaitais que tu voies le bon côté des choses. Deux cents ans à refaire tout le temps les mêmes choses et tu oubliais ce qui était bon dans ta vie de thrall, rectifia Odin. Mais j’oubliais aussi que tu avais besoin de plus. Cet espoir que nous t’offrons est celui d’avoir toujours une maison, d’avoir une famille, des amis… Mais aussi de pouvoir revoir Midgard pour apporter quelque chose de ta personne. N’est-ce pas une bonne chose ?

                Thierry essuya ses joues.

    - Si… Merci.

                Il se pressa contre les loups.

    - Je suis toutefois navrée qu’il t’ait fallu autant de temps, dit Hlín dans un doux rire.

    - Moi aussi ! Nous désespérions tous ! s’esclaffa Odin.

                La tristesse de Thierry se mua en embarras mais l’hilarité des deux Dieux lui tira un sourire. Il jeta un coup d’œil à la rune qu’il avait toujours en main.

                Il ne savait pas à quel point il avait pu être utile.

    « Résultat du concours sur l'Espoir#1Résultat du concours sur l'Espoir#3 »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Samedi 9 Avril 2016 à 19:51

    J'aime toujours autant Thierry, il est adorable, et n'arrive jamais à réaliser qu'il a des talents qui ne sont pas nécessairement cachés

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :