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    Hey, demain commence le NaNo Wrimo, un challenge d'écriture qui durera le mois complet ! Pour l'occasion, j'ai enfin appliqué les dernière corrections d'un texte qui attendait d'être publié depuis un petit moment !

     

    J'avais déjà posté une nouvelle sur le Dreamcatcher, donc si vous souhaitez vous rafraichir la mémoire, c'est par > ici <

     

    Sinon, bonne lecture !!

     

    glacial

     

    1. Doutes

    Elise se réveilla en sursaut, le cœur battant. Plus que quiconque, les cauchemars la terrifiaient. Tous les types de cauchemars. Elle tendit le bras et sa main ne rencontra que des draps froids. Une vague de panique l'envahit et elle se figea. Ses sens, à l'affût du moindre bruit, lui renvoyèrent un sinistre grattement. Son souffle, déjà court, se coupa et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Ça recommençait. Sa voix se bloqua dans sa gorge en un faible gémissement et elle dut faire un effort titanesque pour bouger. Elle ramena son bras droit sur sa poitrine très rapidement et se figea. Le bruit continuait.

    Doucement, très doucement, elle rampa jusqu'au bout du lit. La jeune femme marqua un temps de pause, prit une longue inspiration et s'élança hors des draps, loin du fossé sous le sommier.

    Les grattements continuaient inlassablement et une faible lueur provenant de sous la porte du salon éclairait le couloir. Plus elle évoluait vers cette lumière et plus son cœur se calmait. Elle savait déjà ce qu'elle allait trouver derrière cette porte lorsqu'elle posa la main sur la poignée.

    — Tu nettoies le plafond maintenant.

    Léo baissa les yeux vers sa petite amie et Sandy, sa chienne, leva la tête.

    — La fumée de cigarettes laisse des auréoles jaunes. Ça t'a réveillée ?

    Elise sourit et l'observa quelques secondes.

    Il était perché sur une chaise en caleçon et tee-shirt (l'un des rares qu'il possédait en dehors de son impressionnante collection de chemises), une brosse à la main et une cigarette au coin des lèvres. Malgré sa dégaine peu probable, il avait toujours l'air sérieux avec ses traits anguleux et son physique grand et nerveux. Elise songea que si on lui avait appris à cet instant qu'il s'agissait du redoutable Dreamcatcher, l'homme qui traquait les plus terribles cauchemars de l'humanité, elle aurait sans doute ri. Mais là, un simple sourire attendri étira le coin de ses lèvres et elle avoua :

    — J'ai fait un cauchemar.

    Léo fronça les sourcils, descendit de sa chaise et posa la brosse dans le sceau à côté. Il s'essuya les mains et la prit tendrement dans ses bras.

    — Tout va bien. Je suis là. Aucun cauchemar ne pourra te faire de mal.

    Elise lui rendit son étreinte, soulagée.

    — Tu es levé depuis longtemps ?

    — Une heure, peut-être plus. Je n'arrivais pas à dormir.

    Du coin de l'œil, elle repéra une tasse de thé froid sur la table.

    — Qu'est-ce qui te tracasse ?

    Léo ne répondit pas mais Elise comprit immédiatement. Et il le savait.

    — Tu as repéré un cauchemar ?

    — Peut-être.

    Le désavantage avec le fait de traquer des songes en secret était que Léo n'était jamais sûr d'en avoir trouvé un jusqu'au moment fatidique.

    Elise partit faire chauffer de l'eau dans la cuisine, suivie par Sandy qui espérait avoir quelques croquettes au passage.

    Léo fixait les tâches au plafond tout en tirant une bouffée de tabac.

    — C'est peut-être rien mais...

    — Mais c'est bizarre ? Continua Elise, la boite de café soluble en main.

    — J'ai repensé à cet article sur le net. Deux morts étranges et une disparitions d'enfant... Dans les Alpes...

    Silence.

    Léo expulsa un nuage de fumée et ajouta :

    — Et impossible de déterminer leur cause...

    — Ça pourrait être un article bidon.

    — Il se pourrait aussi que ce soit l'œuvre d'un humain, mais... Je dois quand même vérifier.

    Elise s'assit sur le canapé et la chienne posa sa tête sur ses genoux. Elle avala une gorgée de café et gloussa.

    — Si ça se trouve, c'est le Yéti.

    Regard glacial.

    — Il n'est pas impossible qu'une personne rêve du Yéti... et ça n'aurait rien de drôle.

    — Désolée... N'empêche... Ça serait dingue, songea la jeune femme en grattant la tête de Sandy. Le Yéti serait réel...

    Léo ne répondit pas et remonta sur sa chaise pour nettoyer le plafond. Une minute passa sans qu'ils ne se disent quoi que ce soit. Elise posa sa tasse à moitié vide sur la table basse et reporta son attention sur le Golden.

    — Sandy aura froid aux pattes.

    Croyant à un ordre, cette dernière posa ses coussinets sur les genoux d'Elise, lui arrachant un sourire.

    Léo se figea et soupira.

    — C'est vrai. Je vais devoir la laisser ici.

    — Ou alors je pourrais la surveiller au chalet. Ce serait l'occasion pour un weekend romantique à la montagne.

    Le jeune homme grimaça.

    — Et te faire attraper par le Yéti ? Non... Si tu veux un weekend romantique on peut organiser ça, mais sans cauchemar dans les parages.

    — Tu serais là pour me protéger. Sandy t'accompagne toujours et elle n'a jamais été blessée.

    Léo descendit de sa chaise et écrasa son mégot dans un cendrier sur la table.

    — Mais Sandy est un chien. Les cauchemars s'en prennent aux humains généralement.

    Il s'assit à côté d'elle.

    — Je ne peux pas te prendre avec moi. Je ne sais jamais sur quoi je vais tomber et je m'en voudrais beaucoup trop s'il t'arrivait quelque chose.

    Elise baissa les yeux et soupira.

    — Je comprends.

    — On aura un week-end romantique, promis. Je sais que je te délaisse un peu pour traquer les cauchemars et je m'excuse.

    La jeune femme releva la tête et sourit avec douceur.

    — C'est pardonné.

    Elle déposa un baiser sur ses lèvres et se leva.

    — Je vais me recoucher, tu viens ?

    Léo jeta un regard au plafond, à l'endroit où se trouvait la tâche jaune et acquiesça.

    — Je range le sceau et la brosse et j'arrive.

    Il n'avait pas précisé qu'il allait également débarrasser et laver les tasses posées sur la table basse, mais elle le savait trop maniaque pour laisser cela en état.

     

     

    2. Le froid

    Trois jours plus tard, Léo observait les Alpes de la fenêtre du chalet où il venait d'arriver. Les vacances de Février avaient rempli les hôtels alentours et Elise avait dû débourser bien plus que d'habitude pour lui réserver cet endroit.

    Il fallait qu'il trouve un travail. Enfin, un travail rémunéré. Elise ne disait rien à ce sujet mais il n'avait plus envie d'être un poids financier.

    Son regard se perdit dans la blancheur du sommet en face de lui, tel un croc déchirant le ciel. Si jamais il n'y avait aucun cauchemar, il s'en voudrait bien plus que d'habitude.

    Le jeune homme enfila son manteau et sortit. Il n'avait pas de temps à perdre. Le vide créé par l'absence de Sandy à ses côtés accentua son malaise. Portant nerveusement une cigarette à sa bouche, il réfléchit à la façon dont il allait récolter des renseignements au sujet du « yéti ». Il n'avait aucune légitimité vis-à-vis des autorités locales, ni auprès de qui que ce soit et il n'était même pas sûr de ce qu'il cherchait.

    Inspirant un grand coup, il se concentra un instant sur l'air glacial qui mordit ses poumons avant de sortir de sa poche un plan imprimé. Le centre-ville n'était pas très loin, il pourrait sans doute y trouver des journaux ou magazines parlant de faits étranges s'étant produits récemment. Il avait déjà repéré quelques communautés de passionnés sur le net et les avaient interrogés en se faisant passer pour un journaliste. Les témoignages les plus loufoques accompagnés de photomontages plus ou moins bien réussis avaient alors envahi sa boite mail. Toutes les légendes possibles et imaginables avaient défilé sans le convaincre. La malédiction du net.

    Parfois, Léo se prenait à soupçonner Internet d'être un cauchemar particulièrement vicieux, mais il n'y avait rien de paranormal là-dedans. Juste de l'humain. Pour le meilleur et pour le pire.

    Avançant d'un pas pressé, il passa devant une dizaine de maisons pittoresques, croisa quelques touristes en doudoune colorée, et s'arrêta devant une boutique de souvenirs.

    Il hésita quelques instants devant les cartes postales, avança même sa main, mais finalement se rétracta et continua son chemin. Ce n'était peut-être pas une bonne idée de ramener un souvenir alors qu'il avait refusé qu'Elise vienne.

    Quelques minutes plus tard, Léo était devant un kiosque à journaux. Il salua poliment le vendeur et reporta son attention sur les magazines. Son regard parcourut rapidement les grands titres allant du plus absurde au plus ridicule. Finalement, il jeta son dévolu sur un numéro local, et quelques autres, peu crédibles mais sans doute pleins de théories farfelues.

    Son butin sous le bras, il se mit en quête d'un bar. Ses membres peu habitués au froid ambiant, lui hurlaient de rentrer dans le premier lieu chauffé qu'il croiserait, mais Léo ne cherchait pas n'importe quel bar. Quand enfin il se décida, ce fut avec satisfaction qu'il constata la présence de ce qui semblait être de vieux habitués, parlant fort entre eux. Il s'installa à une table non loin d'eux, commanda un thé et déplia un des journaux qu'il avait achetés.

    Comme il l'avait espéré, la conversation non loin de lui traitait des récentes morts de la région. Ils débâtaient au sujet de la présence de loups, l'incompétence des autorités et se réjouissaient de constater que les victimes n'étaient « pas du coin ». Des touristes en somme.

    Lorsque ce dernier sujet fut abordé, le regard de l'un d'entre eux glissa vers Léo, suspicieux. Il était évident que le jeune homme n'était pas de cette ville, avec son long manteau élégant et ses chaussures trempées par la neige. Mais il n'avait pas non plus l'air d'un touriste venu faire du ski pendant ses vacances. Finalement, l'homme vit le thé posé sur la table et eut un sourire dédaigneux avant de s'en désintéresser pour revenir à sa bière.

    Léo continua sa lecture, comme si de rien était. Il tendait l'oreille à l'affût de quelques renseignements. Les journaux mettaient l'accent sur la disparition de l'enfant, la première victime selon eux. Pour certains, la seule victime. Pour d'autres, le début d'une longue série de mort. Bien plus longue que ce qu'il avait lu avant de partir. Agacé, il se concentra sur l'enfant, qui semblait être la seule information constante parmi tout ce flot d'articles racoleurs. Il était fort probable que ce soit l'hôte du cauchemar. Non seulement on n'avait pas retrouvé son corps, mais les enfants étaient faciles à effrayer et leur imagination était une nourriture de choix pour ces parasites. L'hypothèse du yéti se confirmait doucement.

    — Ça va faire comme il y a trois ans !

    Léo redressa la tête. L'un des piliers de bar avait tapé du poing, visiblement plus éméché que les autres.

    — On va avoir des gens qui voudront se faire peur avec des histoires de fantômes. Et qui va devoir sourire comme un con pendant que ces bourges s'amusent ? C'est bibi !

    — Allons, Gérard. T'es bien content quand ils viennent les touristes ! Ça fait tourner ton affaire même !

    — J'vous jure : le mois prochain, j'déménage !

    — Tu dis ça tous les ans Gérard !

     

    Léo en avait assez entendu. Il se leva, paya sa consommation, et sortit. Ses pieds trempés protestèrent lorsqu'il retrouva le froid de la neige et il pressa le pas afin de rejoindre son chalet. Il fallait qu'il fasse des recherches sur cette disparition.

    Ce fut grelottant qu'il passa la porte. Son premier réflexe fut de retirer chaussures et chaussettes trempées. Son second fut de nettoyer les traces humides au sol à l'aide d'une serpillière. Il faillit garder son manteau, le temps de se réchauffer, mais le retira à contrecœur et alluma le chauffage.

    La vénérable antiquité qui lui servait d'ordinateur portable s'alluma lentement. Le temps de faire bouillir de l'eau pour un thé. L'ouverture de la page web, quant à elle, lui permit d'infuser un sachet, de l'enrouler soigneusement et de le poser sur la petite assiette sous sa tasse.

    Il n'attendit pas que l'eau refroidisse pour en boire une gorgée, serrant entre ses longs doigts glacés la petite tasse bouillante.

    Tapant rapidement l'adresse d'un site d'informations fiable, il songea aux liens que pourraient avoir un accident vieux de trois ans et l'apparition d'un cauchemar. Il remonta les archives du site, ciblant le mois de février.

    Rien.

    Léo posa sa tasse et alluma une cigarette avant d'élargir sa recherche au reste de l'année.

    Les minutes passèrent et les titres divers et variés défilaient. Le jeune homme chercha inconsciemment le pelage réconfortant de Sandy à plusieurs reprises, mais se souvint que la chienne n'était pas là. Alors, à la place, il alluma une cigarette.

    Lorsque le cinquième mégot fut écrasé, il trouva enfin ce qu'il cherchait.

    « Une avalanche cause un mort à la Valmeinier »

    Simple et précis.

    Le reste de l'article décrivait comment un randonneur était mort dans une avalanche après s'être éloigné des sentiers balisés. Le journaliste ne précisait rien de plus, laissant Léo ainsi, avec cet embryon de piste.

    Son estomac, en revanche, attira son attention sur l'heure. Les placards étaient vides et un examen rapide lui apprit que ses chaussures n'étaient pas encore sèches. Il chercha rapidement une pizzeria sur internet, mais personne ne pouvait livrer jusqu'au chalet où il se trouvait. Il devait donc s'y rendre par lui-même. Le jeune homme soupira avant de se convaincre que sortir après toutes ces recherches lui feraient sans doute du bien.

    Une sixième cigarette vint néanmoins se loger entre ses lèvres alors qu'il enfilait une paire de chaussettes sèches. Son esprit revint à l'enquête pour lui faire oublier la faim.

    Il avait très peu d'informations sur les autres victimes, l'accent était principalement mis sur la disparition de l'enfant, mais il était quasiment sûr qu'elles étaient toutes mortes dehors, pendant une randonnée.

    Quelle peur l'enfant avait-il créé ? Était-ce en rapport avec cet accident d'avalanche ? Léo ne savait que penser. Tout était possible. L'imagination alliée à la peur était un fléau.

    Il grimaça en enfilant ses chaussures mouillées et, une fois dehors, s'engouffra le plus vite possible dans sa voiture. Peu habitué à la neige, il roula plus prudemment que d'habitude, grommelant contre l'inconscience des gens lorsque ces derniers le doublaient à toute vitesse. Une fois arrivé à la pizzeria, il faillit faire demi-tour en voyant la foule attendant de passer commande. Finalement, il inspira un grand coup pour se calmer et se posta sagement à la fin de la file. Il examina distraitement le décor pour passer le temps. L'endroit était chaleureux, et les affiches aseptisées visaient une clientèle jeune et peu aventureuse cherchant à retrouver l'ambiance habituelle de n'importe quelle pizzeria du monde. En somme, une pizzeria comme on pourrait en trouver partout ailleurs.

    Après avoir envoyé un rapide sms à Elise pour la tenir au courant de ses avancées, Léo s'intéressa au menu. Il eut le temps de le lire en long, en large et en travers avant de reporter son attention sur un panneau couvert d'affichettes. Il y lut quelques propositions de travail, principalement des jobs saisonniers, et sourit en voyant l'annonce d'un soi-disant médium. Ses lèvres s'affaissèrent lorsqu'une hypothèse germa dans son esprit. Il nota le numéro sur son téléphone et l'enregistra. Il s'agissait sans doute d'une fausse piste, mais il préférait ne prendre aucun risque.

    — Il y a beaucoup de monde, hein ?

    Léo releva la tête, surpris, et sourit timidement à la jeune femme en face de lui.

    — Oui, j'avoue, mais ça veut sans doute dire que les pizzas sont bonnes.

    — C'est pas bête. Vous êtes en vacances ?

    Elle s'ennuyait à force d'attendre et visiblement, Léo, grand, blond et tout maigre, lui paraissait sympathique. D'un naturel timide et réservé, le jeune homme appréciait réellement la compagnie et cette conversation, bien que destinée à ne pas durer, semblait alléger l'atmosphère pesante qui l'étouffait depuis son arrivée à Valmeinier. En vérité, il regrettait de ne pas avoir pris sa chienne avec lui. Elle n'avait pas beaucoup de conversation (voire pas du tout) mais sa présence le faisait se sentir moins seul.

    Une fois sa pizza prête, il salua la femme avec qui il discutait et rentra le coeur plus léger.

     

    3. Le médium

    Le lendemain matin, Léo s'était levé tôt. Il avait appelé plusieurs fois le « médium » en vain. Le chalet puait le tabac froid et il allait bientôt se retrouver à court de cigarettes. L'occasion de sortir faire quelques courses le temps d'aérer. À vrai dire, il n'y avait pas que l'odeur de tabac qui était froide ce matin.

    Son regard accrocha immédiatement les gros titres sur sa page google. Encore une victime.

    Il mit la page en favori et partit faire quelques provisions.

    Le chalet était glacial lorsque Léo rentra. Il referma immédiatement la fenêtre et fit chauffer de l'eau pour son thé. Il était à peine 9h30 lorsqu'il tenta d'appeler à nouveau le médium. Toujours rien.

    Le jeune homme lut et relut l'article. Il recoupa les informations avec celles trouvées la veille et en conclut deux choses : il s'agissait bel et bien d'un cauchemar, et il attaquait toujours près du même chemin de randonnée. Quant à la nature de la créature, il n'en avait toujours aucune idée.

    Léo but une gorgée de thé et soupira. Il n'avait qu'une envie : terminer cette mission. Le froid et la solitude mettaient ses nerfs à rude épreuve. Et il n'avait même pas encore confronté le monstre.

    Il soupira et, finalement, décida de lancer une série sur son ordinateur.

    Vers 10h , deux cigarettes et un autre thé plus tard, Léo composa pour la troisième fois le numéro qu'il avait récupéré la veille. Une voix grave lui répondit :

    — Oui allô ?

    — Bonjour, je souhaiterais prendre rendez-vous. Vous êtes bien Monsieur Zambar, le médium ?

    — Tout à fait, c'est pour connaître votre avenir ? Contacter un proche défunt ? Attirer la chance et l'amour sur votre vie ?

    — Contacter un défunt. C'est urgent.

    — Eh bien, je peux vous prendre ce soir...

    — Avant midi ça serait possible ?

    L'autre parut surpris. Il marqua un temps de pause avant de répondre :

    — Eh bien oui, j'ai une heure de libre entre onze heures et midi, mais je ne vous promets pas de gros résultats... C'est à quel nom ?

    — Léo.

    — Parfait. Vous avez l'adresse ?

    — Oui. Merci.

    — Mais c'est normal. À tout à l'heure.

    — Au revoir.

    Léo raccrocha en soupirant. Voilà une bonne chose de faite. Il s'autorisa un autre épisode avant de se mettre doucement en route pour son rendez-vous.

    L'appartement du médium se situait dans une rue proche du centre ville. Les maisons y étaient entassées dans des rues étroites que des touristes, non loin du jeune homme, jugeaient comme étant "typiques". Léo ne put retenir un sourire. Il trouvait ce genre de réaction "mignonne". Son visage se figea lorsqu'il arriva devant la porte du médium, affichant un masque impassible. Il retira ses gants, souffla un coup, et sonna.

    Un homme fluet à l'air maladif lui ouvrit. Il portait des vêtements amples et de multiples colliers exotiques.

    — Oui ?

    — Bonjour, je viens pour le ... rendez-vous, commença Léo en lui tendant la main.

    L'autre sourit et s'écarta.

    — Oh, oui, oui, Léo. Entrez, entrez vite.

    La main pendant dans le vide, le chasseur la replia et entra à contrecoeur. L'intérieur sentait l'encens et la lumière filtrait à peine.

    — C'est sombre ici.

    — Oui, c'est pour mettre les esprits plus à l'aise. Ils n'aiment pas se montrer en plein jour. Suivez moi.

    Le médium l'entraîna dans la pièce principale. Une table avait été recouverte de bougies en son centre.

    Léo examina rapidement les lieux, mal à l'aise de n'avoir pu serrer la main du médium et, par la même occasion, déterminer s'il était humain ou non. Un petit salon séparé par un rideau de perles laissait entrevoir un canapé miteux et une télé, les étagères disposées tout le long des murs présentaient plus de babioles que de livres et enfin, le tapis élimé semblait avoir fusionné avec le sol tellement il était vieux.

    — Qui souhaitez-vous contacter ? Un membre de votre famille ? Un ami ? Une petite amie ?

    — Ma mère. Répondit vaguement Léo. Comment ça va se dérouler ?

    L'autre s'assit en bout de table et désigna une chaise.

    — Venez vous asseoir.

    Lorsque ce fut fait, il tendit les mains.

    — Inspirez un grand coup, prenez mes mains et fermez les yeux.

    Ravi qu'une telle occasion se présente aussi facilement, Léo lui attrapa immédiatement les paumes en se concentrant. Rien ne se passa.

    — Vous devez fermer les yeux. Rappela le médium.

    — Ou... oui... bégaya le jeune homme en s'exécutant.

    Il écouta à peine ce qu'il dit ensuite, soulagé de constater qu'il ne s'agissait pas d'un cauchemar mais d'un simple escroc. À chaque soupçon de magie, il se devait de vérifier si la personne était bien humaine. Si c'était le cas, il n'y absolument rien de réellement surnaturel, sinon, ce ne pouvait être qu'un cauchemar. Rien d'autre. Et c'était son devoir de nettoyer ce monde de ces abominations.

    Maintenant qu'il avait la preuve qu'il se trouvait devant un charlatan purement humain, sa timidité naturelle refaisait surface et l'envie de partir au plus vite se fit sentir. Mais il avait autre chose à vérifier.

    — Aaaaaah !

    Léo sursauta, ouvrit les yeux et voulut retirer ses mains de celles du médium. Ce dernier le retint fermement, comme en transe.

    — Léo ! Léo ! C'est bien toi ?

    Il jouait bien la comédie... Songea le jeune homme.

    — Maman ?

    — Je suis partie trop tôt... Désolée...

    Léo retint un soupir d'agacement et continua de jouer le jeu.

    — C'était la maladie... Tu n'y pouvais rien...

    Il hésita et se risqua à ajouter, pour plus de vraisemblance :

    — Tu me manques, tu sais...

    — Vis ta vie, comme s'il n'y avait pas de lendemain. Et il faut que tu saches...

    Le médium convulsa quelques secondes et sembla revenir à lui.

    — J'ai perdu le contact. Désolé.

    — C'est pas grave. C'est déjà énorme.

    Léo avait du mal à y mettre de la conviction mais il espérait que cela serait mis sur le compte du choc.

    — Peut-être qu'une prochaine séance... Proposa l'homme en face.

    — Je vais y réfléchir... Ça fait beaucoup d'émotion d'un coup... Vous faites souvent ce genre de chose ?

    — Vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui veulent parler aux morts ! Se vanta le médium.

    — Et en général, c'est sur combien de séances ?

    — Ça dépend. Parfois ils ont beaucoup à dire, parfois un simple contact leur suffit.

    — Et c'est toujours aussi laborieux ?

    — Ça dépend du moment, ça dépend des gens.

    Léo fit semblant de réfléchir et posa la question qui le taraudait depuis la veille.

    — Et vous entrez aussi en contact avec les randonneurs tués ? Il ajouta, pour flatter l'ego de son interlocuteur, comme une sorte d'expert qui aiderait la police.

    L'autre gloussa et secoua la tête.

    — Non, la police ne fait pas appel à moi. Il se pencha, sur le ton de la confidence. Mais je suis déjà entré en contact avec un homme mort dans le coin. Il y a quelques années.

    — Ah oui ? Et il vous a dit quoi ?

    — Secret professionnel.

    Léo fronça les sourcils.

    — Je comprends. Ça m'étonne quand même que des gens dont les proches sont morts dans le coin reviennent...

    — Elle avait l'air totalement désespérée, lâcha machinalement le médium.

    — Comme beaucoup de monde qui se présente ici, je suppose.

    — Non, elle, elle avait carrément emmené son gamin avec elle.

    — Vous avez fait une séance de spiritisme avec un enfant ! S'exclama Léo, choqué.

    — Non. Vous me prenez pour quoi ? Il est resté dans le salon à regarder la télé.

    L'homme sembla reprendre ses esprits et se leva.

    — Bon, ça fera 150 €. La prochaine séance sera à 130, seulement. On prend directement rendez-vous ou vous préférez me rappeler ?

    — Je... je vous rappellerai...

    Léo fouilla les poches de son manteau, à la recherche de son portefeuille.

    — Vous prenez les cartes bleues ?

    L'autre secoua la tête.

    — Non, seulement en liquide. Il y a un distributeur si vous le voulez au bout de la rue. Je peux vous y accompagner.

    Retenant une grimace, le jeune homme se laissa mener jusqu'au distributeur où il paya l'escroc.

    — Une dernière chose : vous avez beaucoup de client ?

    — J'ai un emploi du temps de ministre, mais ne vous inquiétez pas, j'aurais toujours une place pour notre prochain rendez-vous.

    — Merci, c'est... gentil...

    Il attendit que le médium soit hors de vue pour revenir à sa voiture et sortir son portable. Ses longs doigts fins tapotèrent rapidement un sms à destination d'Elise.

    " Coucou, il se pourrait que ce ne soit pas un yéti mais un fantôme, et j'ai peut être trouvé un moyen de rapporter de l'argent avec mes chasses. Je te raconterai en rentrant. Bisous. "

    Léo poussa enfin un long soupir de soulagement. Il avait enfin une piste. Une piste qui lui avait coûté cher, mais qui allait accélérer le déroulement de cette affaire.

    Tout en conduisant jusqu'au chalet, il réfléchit aux moyens de neutraliser ce cauchemar. D'après les évènements, la chose attaquait les randonneurs et il savait dans quelle zone il sévissait. Mais se promener là-bas n'était pas la chose la plus prudente à faire. Se battre dans la neige, ou même, réagir à une attaque par surprise pouvait s'avérer être extrêmement difficile. Il lui fallait un minimum d'équipement, et un plan d'action solide.

    Une fois arrivé, il commença ses recherches, carnet en main. Listant ce qu'il savait, ses hypothèses, les risques et les possibilités, il commença à élaborer plusieurs solutions. Chacune l'amenait à de nouvelles recherches: matériel, topographie... autant d'informations qu'il ajouta au dossier qui s'épaississait d'heure en heure.

    Son téléphone vibra sur la table et, après quelques secondes de réflexion, Léo ajouta "ne pas oublier d'éteindre le téléphone avant de partir en chasse" au-dessus de toutes ses ébauches de plans avant de décrocher. La voix d'Elise retentit joyeusement, tirant un sourire au jeune homme.

    — Hey, comment ça va ?

    — Ça va, je réfléchis à un moyen d'arrêter le fantôme.

    — Je suis sûre que tu vas trouver ! Il est en pleine montagne ?

    — Oui, hors des sentiers.

    — Ah oui, je vois.

    — Mais au moins je sais ce que c'est, et une fois que je l'aurai, je rentrerai le plus vite possible !

    — Oh, c'est pas si horrible que ça la montagne !

    — Tout seul, avec une chasse en cours, ce n'est pas vraiment relaxant.

    — Je comprends. En tout cas j'espère que tu reviendra vite alors ! Sandy a hâte aussi ! Elle reste des heures à la fenêtre en t'attendant.

    — C'est mignon. Je te préviens dès que je pars attraper ce cauchemar et quand j'aurais fini.

    — Merci. Bon, je ne vais pas te déranger plus que ça...

    — T'inquiète pas, ça m'a fait plaisir de t'entendre.

    — Je te fais plein de gros bisous et reviens en entier !

    — Promis ! Bisous.

     

    Léo raccrocha, l'esprit plus léger. Il avisa les mégots de cigarette et les sachets de thé s'accumulant dans des petits récipients sur la table et décida de faire un brin de ménage avant de manger. Il avait besoin d'une longue pause avant de se remettre au travail.

     

    4. La chasse

     

    "C'est parti. Bisous"

    Léo envoya le SMS et coupa immédiatement son téléphone. Il le rangea dans une pochette étanche, dans son manteau, prit ses affaires dans sa voiture et verrouilla cette dernière. Sortant la carte des environs, il repéra l'entrée du sentier de randonnée non loin et, malgré le panneau d'interdiction et la barrière posés en travers, s'y engagea. La fine couche de neige crissait à chacun de ses pas, signalant son intrusion dans ce paysage vide de toute civilisation humaine. Le vent glacial s'engouffrait dans son cou, l'obligeant à resserrer son écharpe.

    Au bout d'une trentaine de minutes, Léo arriva à l'endroit où les randonneurs avaient quitté la piste. Il était frigorifié mais la détermination était bien trop forte pour qu'il rebrousse chemin.

    Hors de question qu'il laisse cette abomination vivre !

    Il sortit des raquettes de son sac à dos et les fixa à ses chaussures avant de continuer. D'après la carte, il avait encore une dizaine de minutes de marche hors du sentier avant d'arriver à l'endroit où on avait retrouvé les victimes. Les sens en alerte, il avança prudemment, guettant le moindre mouvement. Son coeur battait bien trop fort à son goût et l'assourdissait, menaçant à tout moment de transpercer son torse sous l'effet de la pression. Ou de s'arrêter. La seconde option était bien plus vraisemblable.

    Il se retourna. Personne. Mais ses empreintes étaient bien trop visibles, faisant de lui une proie facile. Léo ne s'en inquiétait qu'à moitié. Il savait déjà qu'il était trop facile à repérer au milieu de cette étendue de neige impeccable. Soufflant pour se calmer, il rangea sa carte et sortit une matraque de son sac.

    Son arme dans la main gauche, il retira son gant à la droite et le rangea dans sa poche, tout en tournant lentement sur lui même pour prévenir toute attaque.

    L'endroit était vide et Léo pouvait voir loin à l'horizon. Un doute s'empara de lui. Et s'il fallait des dispositions particulières pour "invoquer" la créature ?

    Non. Avec autant de randonneurs morts, il était évident qu'elle attaquait quiconque s'aventurait dans cette zone.

    Continuant d'avancer pour éviter que le froid l'engourdisse trop, il ne cessait de réfléchir au moment et à la façon dont le cauchemar allait l'attaquer. L'esprit en alerte, il jetait des regards inquiets tout autour, s'attardant sur la moindre tâche étrange qui attirait son attention. Plus le temps avançait, et plus ces dernières augmentaient, preuve que ses yeux commençaient doucement à fatiguer sous les assauts bien trop lumineux de la neige. Mais Léo s'interdisait tout repos. Sa vie en dépendait.

    Il ne savait pas depuis combien de temps il errait ainsi, mais le soleil commençait doucement sa descente. Léo se demandait s'il pouvait survivre la nuit et s'il devait l'attendre pour enfin voir sa proie. Un crissement mit fin à cette réflexion et il se tourna dans sa direction. Sa main droite était rouge et douloureuse. La gauche se crispa sur le manche de la matraque, prête à frapper. L'endroit était toujours vide, mais le chasseur savait qu'il avait trouvé sa proie. Ou peut-être était-ce l'inverse.

    Immobile, il tendit l'oreille pour tenter de localiser le cauchemar. Un second crissement retentit. Léo se retourna juste à temps pour voir un zombie gelé lui sauter dessus et le plaquer à terre.

    D'un geste rapide, le mort porta un coup de griffe en travers de son torse.

    Le chasseur aurait sans doute été plus gravement blessé si le kevlar qu'il avait enfilé sous son manteau n'avait pas opposé de résistance. Il se redressa immédiatement et donna un coup de matraque à la tête de la créature. Elle roula à terre et Léo reprit le dessus. Arrêtant une seconde attaque de sa main libre, il referma cette dernière sur le poignet de son ennemi et se concentra. Le cauchemar poussa un terrible rugissement et son autre main tenta une dernière attaque mais il fut aspiré avant d'y réussir. Sous les couches de vêtements du chasseur, sur un des fils composant l'attrape-rêve tatoué sur son dos, apparut alors une petite perle grise.

    C'était fini.

    Léo se laissa tomber dans la neige, reprenant son souffle. Le combat avait été bien plus rapide qu'il l'imaginait mais il n'était pas indemne et il n'aurait sans doute pas survécu à un autre coup de griffe. Le froid engourdissait la douleur dans sa poitrine, lui permettant de rassembler ses forces pour rentrer. Il avait de quoi désinfecter et bander ses plaies dans la voiture mais tant qu'il ne pouvait voir l'étendue des dégâts, il ne savait pas s'il devait se rendre à l'hôpital ou non.

    Se redressant, il enfila son gant et frotta sa main droite jusqu'à endiguer l'engourdissement qui l'avait envahi, puis il jeta un regard aux alentours. Repérant ses propres traces, il entreprit de rebrousser chemin, serrant son manteau à l'endroit où il était déchiré.

    Tout en marchant, il songea à la créature qu'il venait d'éliminer. Le pauvre enfant avait vraiment dû être traumatisé pour rêver de son père sous une forme aussi terrifiante. Le zombie en lui même était plutôt caricatural, signe qu'il avait été inspiré par quelque film d'horreur, mais les traits qu'il lui avait donné dégageaient une telle sauvagerie, une telle... colère.

    Mais ce n'était plus le moment de réfléchir aux relations qui avaient pu unir le père et le fils : Léo avait marché assez longtemps pour rejoindre le chemin de randonnée. En théorie.

    Le jeune homme s'arrêta et fronça les sourcils. Il aurait dû voir les arbres balisant le sentier au loin, mais l'horizon restait vide. Il sortit son smartphone et l'alluma. Pas de réseau. Il soupira mais s'y attendait. De toute façon, il avait prévu une boussole.

    Dépliant la carte des lieux, il posa l'objet à plat sur sa main et attendit que l'aiguille se stabilise.

    Le coeur de Léo s'emballa lorsqu'elle continua de tourner, lui indiquant que les ennuis n'étaient pas terminés.

    Jetant des regards affolés tout autour de lui, il rassembla toutes les informations qu'il avait récoltées sur cette affaire pour tenter de comprendre ce qui se passait. Il était sûr d'avoir éliminé le cauchemar qui s'en prenait aux randonneurs tout à l'heure, mais il n'avait pas songé un instant à l'éventualité d'une seconde créature.

    — Quel abruti ! Jura-t-il en grelottant.

    Il fallait qu'il identifie le danger aussi vite que possible, d'autant plus que la nuit commençait à tomber, menaçant de le plonger dans le noir total.

    Tentant de contrôler sa respiration, Léo exposa mentalement les faits : il était toujours sur les lieux de l'accident et il était perdu. Qui donc pouvait rêver d'être perdu dans cet endroit ?

    — Maman ?

    Le chasseur sursauta et chercha autour de lui. Le vent se levait et faisait voler la neige tout autour de lui, limitant son champ de vision. La voix semblait venir de partout et de nulle part à la fois. La voix d'un enfant.

    — Maman ?

    Le vent soufflait tellement fort à présent que Léo ne pouvait presque plus avancer. Il luttait pour rester debout et pour ne pas succomber au froid. L'appel était impossible à localiser, mais le jeune homme pensait savoir à qui appartenait cette voix. Il hurla pour lui répondre :

    — Baptiste ! Je suis là !

    — Maman !

    Léo retira son gant, prêt à attraper l'apparition. Un sanglot retentit.

    --Aide moi maman ! Aide moi !

    — Viens Baptiste ! Je vais t'aider !

    Une rafale fit basculer le chasseur sur les genoux mais il continua de scruter autour de lui. Il avait compris à qui appartenait le cauchemar et se maudissait de ne pas y avoir pensé. Il n'y avait rien de plus terrible pour une mère que de perdre un enfant. De quoi hanter ses nuits sans relâche.

    — Maman !

    Les sanglots continuaient et Léo savait qu'il avait peu de chances de voir l'enfant. Il tenta une nouvelle approche.

    — Je ne suis pas ta maman ! Je suis le tueur de monstre !

    Silence. Il continua :

    — J'ai tué le fantôme de ton papa ! Il ne peux plus te faire de mal ! Tu es en sécurité !

    Ces derniers mots semblèrent résonner dans l'air et, avant même qu'il puisse continuer, une petite forme se matérialisa devant lui.

    L'enfant ressemblait trait pour trait à la photo qu'il avait vue dans les articles. Il semblait amorphe, sans doute incapable de réagir à cette situation.

    Sa mère l'avait rêvé en danger, perdu et le cauchemar ne pouvait appréhender l'inverse.

    — Donne-moi la main, je vais t'amener à ta maman.

    L'enfant obéît, prenant la main que lui tendait Léo. En un instant, la tempête cessa. Le cauchemar fut aspiré et prit la forme d'une petite perle bleue clair qui se logea juste à côté de celle qui était apparue plus tôt.

    Le chasseur de rêves poussa un long soupir de soulagement et constata qu'il se trouvait juste à côté du sentier de randonnée. Il puisa dans ses dernières forces pour se lever et retira les raquettes de ses chaussures pour parcourir la distance qui le séparait de sa voiture.

    Lorsqu'elle fut en vue, il s'y engouffra et resta un moment recroquevillé, profitant du chauffage. La douleur finit par l'obliger à sortir pour récupérer de quoi se soigner rapidement dans le coffre. Il y prit également des boites de barres énergétiques, de l'eau et revint s'enfermer au chaud.

    Sa blessure, après vérification, s'avéra être superficielle, à son plus grand soulagement. Il passerait tout de même aux urgences pour quelques points de sutures, mais guérirait assez vite. Mais pour le moment, Léo n'avait qu'une envie : partir de cet endroit au plus vite. Partir de ces montagnes.

    Rentrer au chaud.

    Mais avant, une cigarette.

    Il n'alluma son téléphone pour rassurer Elise qu'une fois au chalet où il prit ses bagages déjà faits. L'endroit avait été impeccablement rangé et nettoyé et plus rien ne le retenait à Valmeinier. Mis à part peut être, les menaces de sa petite amie pour qu'il se rende à l'hôpital le plus proche.

    Une heure plus tard, il quittait les Alpes non sans un immense soulagement.

    Ce cauchemar glacial était terminé.

     


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